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19/03/2012

_La Science-Fiction entre Cassandre et Prométhée_

La Science-Fiction entre Cassandre et Prométhée : Françoise WILLMANN : 2010 : Presses Universitaires de Nancy : ISBN-13 978-2-8143-0030-9 : 169 pages (pas d'index) : coûte 12 Euros pour un TP non illustré disponible en neuf.

La science-fiction entre Cassandre et Prométhée.jpg

Cet ouvrage constitue le recueil des actes d'une journée d'étude interdisciplinaire consacrée à la SF organisée par divers organismes universitaires alsaciens. Il rassemble les écrits d'enseignants et de chercheurs français ou allemands dans des disciplines variées et s'inscrit clairement dans la lignée de ces comptes-rendus de colloques qui permettent à chacun des participants de remplir son quota obligatoire de publications.

L'imaginaire médical dans le fantastique et la SF.jpg

Outre une courte introduction qui présente les textes et leur objet, ce recueil comporte huit essais de taille variable (le plus court faisant dix pages, le plus long une trentaine). Les thèmes ou sujets abordés sont successivement les suivants : 1) l'argument de la "pente fatale" dans la SF (surtout au cinéma); 2) une étude comparée des séries de films Alien et Prédator; 3) le roman allemand L'essaim de Frank Schätzing; 4) le film Metropolis de Fritz Lang; 5) l'intelligence artificielle (surtout dans des textes allemands); 6) le Vril chez Bulwer-Lytton; 7) la créativité spécifique de la Speculative Fiction (SpF dabs le texte); 8) 1984 d'Orwell.  A noter l'absence d'index et de bibliographie générale (seuls certains essais en proposent une).

La race à venir (Marabout 1973).jpg

Même si l'initiative est louable, le résultat de cette tentative est conforme à celui habituellement atteint par ce type de publication opportuniste, c'est à dire assez mauvais. Quoi que puissent en penser des universitaires titrés, écrire sur un genre aussi infantile que la SF n'est pas un jeu d'enfant. L'ensemble des essais rassemblés montre globalement une méconnaissance du genre qui, pour la plupart des intervenants, semble se limiter à un petit nombre de films hollywoodiens (Matrix, Alien, Terminator). Cela en est à un tel point qu'il me semble que, sur les 170 pages de l'ouvrage, il n'est pas cité plus de dix auteurs de SF ou fait mention de plus de dix oeuvres appartenant au genre.

Aliens Le retour (JL 1986).jpg

A cette ignorance généralisée, s'ajoutent deux défauts reccurents typiques de ces aventures universitaires dans le caniveau populaire de la SF. Tout d'abord on a de superbes spécimens d'abus de jargon, ce qui nous vaut par exemple un essai comme celui de Jean-Max Noyer avec ses expressions inoubliables ("...leurs sémiotiques comme autant de chréodes narratives...", "entre déterritorialisation/reterritorialisation radicales") et son français grammaticalement original. On rencontre aussi tout au long du livre la stratégie bien au point de l'évitement ou du prétexte. Il s'agit ici de commencer son essai sur la SF et de basculer rapidement sur son domaine de compétence, en livrant au final un discours certes maîtrisé mais sans grand rapport avec le sujet de l'ouvrage (pour lequel le consommateur a quand même payé). On a donc ici droit à diverses dissertations sur les Rosicruciens, l'image des scientifiques dans la littérature, les aventures de Platon, les figures de rhétorique, l'histoire de l'informatique et ainsi de suite. Sans grand intérêt ni originalité au niveau de la réflexion sur le genre, méconnaissant totalement son sujet, riche d'informations sans rapport avec son thème, le seul point positif de cet ouvrage est probablement son prix modique.

1984 (Penguin 1971).jpg

Note GHOR : 0 étoile 

14/04/2011

_Alternative persons : The entities of science fiction and myth_

Alternative persons : The entities of science fiction and myth : Stan GOOCH : 1979 (?) : Bran's Head (série "Bran's Head Library of Science Fiction Criticism") : ISBN-10 0-905220-14-5 : 29 pages (pas d'index) : devait coûter quelques GBP pour un ouvrage au format fanzine (agrafage central) non illustré et parfois trouvable d'occase.

Alternative persons.jpg

Ce petit pamphlet semble être une réimpression d'un ouvrage paru initialement en 1978 (d'après son copyright) et fait visiblement partie d'une petite série de titres qui m'était inconnue à l'exception d'un ouvrage assez copieux sur Delany (http://ghor.hautetfort.com/archive/2008/07/20/worlds-out-...). Il est l'oeuvre d'un psychologue britannique relativement controversé surtout connu pour ses théories sur l'évolution humaine.

Star trek (JL 1980).jpg

Se présentant parfois comme un compagnon à son autre livre The total man, cet ouvrage est une sorte de méditation sur la psychologie, une ébauche de théorie littéraire où l'auteur oppose la SF à la RF (cela veut dire Religion Fantasy) et une revue de certains thèmes fréquents dans le genre (le surhomme, les monstres, les robots).

Le Silkie (JL 2T1981).jpg

Au risque d'être trop succinct, je dirais que cet ouvrage n'offre strictement aucun intérêt de par son côté particulièrement fumeux et par un approche de la SF relativement peu sophistiquée. Pour être méchant je dirais que c'est là le travail d'un néophyte, sûrement brillant, mais qui pense pouvoir révolutionner l'approche du genre en une vingtaine de pages. Un titre à réserver aux amateurs de psychologie plus qu'à ceux de SF.

The silkie (Ace 1969).jpg

Note GHOR : 0 étoile

15/10/2010

_Science fiction and the universe of knowledge : The structure of an aesthetic form_

Science fiction and the universe of knowledge : The structure of an aesthetic form : Antony CROGHAN : 1981 : Coburgh Publications : pas d'ISBN : 47 pages (pas d'index) : coûtait 50p pour un petit pamphlet type fanzine non illustré, format A5 avec agrafage central.

Science fiction and the universe of knowledge.jpg

Il a toujours existé des tentatives d'apporter une réponse globale à la problématique de la classification de la SF et de son paratexte. En effet, des systèmes comme la classification DEWEY (par exemple) sont relativement inefficaces face à un genre, un concept qui leur est étranger. Du coup, on trouve fréquemment des outils plus ou moins généraux visant à cartographier le genre. C'est à cette tâche que s'est attelé Antony Croghan (un expert es-classification si l'on doit en croire sa bibliographie) dans ce petit fascicule.

Les robots (JL 2002).jpg

L'ouvrage débute par un survol de la SF et des genres qui lui sont associés (Fantasy, Comics mais aussi Science Fantasy voire Speculative Fiction). Suit le détail de la classification proposée par Croghan, un mélange alphanumérique visant à identifier les oeuvres (de fiction ou non) et leurs thèmes, ce qui donnerait des chaînes de caractères du type "Z39AS3RSLMR" pour un texte sur la narration dans les textes d'Asimov sur les robots. La dernière partie propose un résumé des diverses catégories ainsi qu'une liste d'oeuvres classifiés suivant ce système. L'ouvrage n'offre pas d'index.

The robots of dawn (Del Rey).jpg

Pour tout dire, cet ouvrage donne l'impression d'être soit une fumisterie soit une construction tellement brillante qu'elle en est incompréhensible. Par charité pour l'auteur, je préfèrerais que la deuxième hypothèse soit la bonne mais j'ai bien peur que l'on soit ici face à une théorie aussi délirante que celle des 42210 univers de la SF de Bouchard.

Les 42210 univers de la science-fiction.jpg

Sans queue ni tête et strictement incompréhensible malgré les exemples proposés dont je n'ai retenu que le fait que Asimov c'est Z39AS, sa fiction Z39AS9 (sans plus détails) et que les ouvrages sur lui sont par exemple cotés Z39AS3L (celui de Goble) ou Z39AS3K (la bibliographie de Miller), ce livre est parfaitement représentatif de ces systèmes globaux auto publiés qui visent à une exhaustivité inatteignable. Un superbe ratage.

Asimov analyzed.jpg

Note GHOR : 0 étoile

04/06/2010

_New worlds for old : The apocalyptic imagination, science fiction, and American literature_

New worlds for old : The apocalyptic imagination, science fiction, and American literature : David KETTERER : 1974 : Doubleday Anchor (# A921): ISBN-10 0-385-00470-2 : xii+347 pages (y compris index) : coûtait 3 USD pour un poche non illustré assez facilement trouvable d'occase.

New worlds for old.jpg

Cet ouvrage (publié initialement en HC par les presses universitaires de l'Indiana) est une (des nombreuses et récurrentes) tentative de placer la SF sous les projecteurs du monde académique qui, comme on l'a souvent vu, au mieux ne s'y intéresse pas et au pire lui réserve son mépris comme à toutes les littératures de genre. Ecrit par David Ketterer (à qui l'on doit plusieurs ouvrages évoqués ici comme son livre sur Blish ou son histoire de la SF canadienne), ce livre place côte à côte des textes de la littérature américaine classique (Moby Dick, Wieland) et des oeuvres de SF, ou plus précisément, de "Apocalyptic literature" comme la rebaptise l'auteur.

The sirens of Titan (Coronet 1972).jpg

Ce livre est organisé en douze chapitres (à noter que la majorité ne sont pas inédits) qui se ventilent en six parties elles-mêmes groupées en trois grands ensembles : une partie introductive ("New worlds for old"), une partie consacré à l'ailleurs ("Other worlds") et une qui nous ramène à notre monde mais transformé ("The present world in other terms"). Certains des chapitres sont dédiés à l'étude d'une seule oeuvre (The left hand of darkness, Solaris, A Connecticut Yankee) alors d'autres se concentrent sur un auteur (Poe, Vonnegut, Brockden). Un index termine l'ouvrage.

Solaris (Rencontre).jpg

On ne peut nier que le projet de Ketterer soit particulièrement ambitieux et courageux. Faire accepter et traiter sur un pied d'égalité la SF au monde universitaire des années 70 est une entreprise risquée qui n'aura d'ailleurs pas vraiment de succès, la mode de la SF comme sujet légitime d'étude et/ou de publication n'apparaissant que nettement plus tardivement. On comprend mieux alors que Ketterer se soit cru obligé de donner des gages à l'establishment.

Barefoot in the head (Corgi 1974).jpg

Le premier est bien sûr le choix de remplacer le terme de SF par celui d'Apocalyptic literature qui, avec ses connotations religieuses, est nettement plus acceptable. Le problème est que sa définition est tellement vague (en gros c'est une littérature du changement) que la distinction avec la littérature générale devient extrêmement mince, ce qui arrange Ketterer (en légitimant le genre qui n'en est plus vraiment un) mais ne correspond guère à la réalité. Autre gage, un certain américano centrisme (logique puisque l'auteur veut montrer que la SF est congruente avec la littérature US) qui fait fi des origines européennes du genre. Enfin, on pourra regretter que les auteurs étudiés soient les plus présentables et que Ketterer tombe dans l'habituel cliché de la trilogie Lem/Vonnegut/Le Guin qui correspond plus à une SF idéale et bien propre sur elle qu'à la réalité d'un ensemble qui comprend certes ces auteurs mais qui accueille aussi Perry Rhodan, John Norman ou David Weber.

Les esclaves de Gor (OPTA 1985).jpg

En résumé, un livre qui n'est satisfaisant ni dans sa méthodologie ni dans son résultat tellement il veut faire passer le clown SF pour un voisin respectable. Les amateurs de théorie pourront lire dans la revue Science Fiction Studies (#6-2) une réfutation (et les réponses de Ketterer) bien plus savante de cet ouvrage sous la plume de gens nettement plus compétents que moi.

La main gauche de la nuit (PP 1989).jpg

Note GHOR : 0 étoile

25/05/2010

_La bibliothèque idéale FNAC_

La bibliothèque idéale FNAC : Karim BERROUKA ? (il est indiqué comme rédacteur) : 2010 : FNAC : ISBN-13 978-2-7431-0119-0 : 270 pages (y compris index) : coûte 3.90 Euros pour un TP largement illustré en couleurs, disponible dans toutes les FNAC (et sûrement sur leur site).

La bibliothèque idéale FNAC.jpg

Cet ouvrage est d'un type classique dont il existe de multiples déclinaisons, à savoir une sorte de best-of du (ou des) genre(s) qui a pour objectif de proposer des pistes de lectures en établissant une sélection de textes. L'originalité de celui-ci (qui regroupe les trois branches de l'imaginaire - SF, Fantasy, Fantastique) est d'être publié par une chaîne de librairie majeure et d'avoir été réalisé (d'après les informations qui circulent) en collaboration étroite (et payante) avec certains éditeurs.

100 chefs-d'oeuvre incontournables de l'imaginaire.jpg

En matière de structure, on a aussi affaire à un canevas assez standard. Après une introduction, un mode d'emploi, un glossaire des sous-genres, ce guide est constitué de 222 fiches (une page) consacrées chacune à un ouvrage (ou par extension à un cycle via souvent son premier tome). Classées par ordre alphabétique de titre, chaque entrée comprend l'indication du sous-genre de l'ouvrage considéré, une grande reproduction de sa couverture, un résumé de l'intrigue (une quinzaine de courtes lignes), une évaluation critique ainsi que diverses autres informations (une autre oeuvre de l'auteur, un titre d'un autre écrivain thématiquement proche, etc.). Au milieu de cela s'intercalent quelques biographies d'auteurs majeurs (Asimov, Dick, Gaiman, Pratchett) et des focus sur certains sous-genres (Uchronie, Bit-Lit) en deux pages. On trouve enfin quelques portraits d'éditeurs (des small press) et plusieurs index (par titre, par auteur, par genre).

Le monde du fleuve (LDP 1996).jpg

Sur le plan de la présentation, il n'y pas grand chose à reprocher à l'ouvrage, la maquette est aérée, les reproductions de couvertures et les photos (en couleurs et parfois pleine page) sont de bonne qualité sur un papier suffisamment épais. Seul la tenue dans le temps du  revêtement métallisé de la couverture peut susciter quelques craintes tellement il semble se décoller au premier frottement.

L'usage des armes (LDP 1996).jpg

Le contenu est particulièrement pauvre puisque l'essentiel des entrées est constitué d'un résumé de l'intrigue, les seules prises de position critiques étant généralement limitées à une dernière phrase du type "C'est trop génial". On regrettera aussi l'absence de toute information bibliographique pour les titres sélectionnés (collection, nombre de pages, illustrateur -même si le traducteur est donné) voire en fait l'absence de toute information tout court comme tout bêtement l'année de parution ou le fait que tel livre est en fait un recueil (on n'ira pas jusqu'au concept de fix-up visiblement trop ésotérique). Tant qu'à faire, on pourrait aisément se passer des pages de publicité finales, souhaiter un alignement des sous-genres des ouvrages présentés avec ceux évoqués au début (dans la pratique on a toutes les combinaisons possibles : Fantastique - Dejanté, SF - Antimilitarisme, Fantasy - Mythique, SF - Voyages temporels, etc.) et voir corriger les quelques coquilles qui restent (comme un joli Harry Seldon, le copain de Salli).

Le monde inverti (Folio 2002).jpg

Le plus intéressant dans ce type d'ouvrage est bien sûr de disséquer la sélection proposée puisqu'elle est présentée comme constituée d'indispensables. En ce qui me concerne (donc plus spécifiquement sur la partie SF) on peut discerner plusieurs influences. La première est celle de l'inclusion de textes aux marges du genre mais qui bénéficient d'une aura de respectabilité littéraire suffisante (Vonnegut, Huxley, Orwell, Vercors, McCarthy) ou d'une ancienneté qui les met à l'abri de toute critique (Shelley, Stoker, Maupassant, London). La deuxième est la présence en masse d'une petite clique d'auteurs français faisant partie d'un petit microcosme branché. Si l'on s'en tient aux stricts chiffres bruts, on découvre par exemple que Beauverger, Day, Dufour, Dumay, Gaborit (avec chacun 2 livres sur 222) sont des auteurs véritablement indispensables (il n'y en a que trois ou quatre -Asimov, Dick, Pratchett- qui le sont encore plus), loin devant des auteurs aussi insignifiants que Silverberg, Van Vogt, Reynolds, Egan ou Baxter qui n'on droit qu'à un seul livre sélectionné chacun.

Le goût de l'immortalité (LDP 2006).jpg

Mais en fait, l'influence majeure qui a présidé à la constitution de cette liste est bien évidemment la participation financière demandée aux éditeurs dans le plus pur esprit de la grande distribution. Ce système d'achat d'espace (déjà pratiqué dans les catalogues saisonniers) type "marge arrière" montre bien, pour ceux qui en doutait encore, que la FNAC conseille ses livres comme Auchan ses boîtes de conserves, en fonction du fournisseur qui paie le plus. Ceci explique par exemple la très surprenante absence complète de titres A&D (sur quand même 222, je le rappelle) et la surreprésentation de l'ensemble Bragelonne/Milady dont la visibilité est sans commune mesure avec la qualité des productions. Par exemple, un livre comme le Travis (La cité de perle) est un ouvrage parfaitement honnête et même plutôt bon mais il n'y a strictement aucune raison objective autre qu'un désir de promotion pour qu'il figure dans la petite centaine des ouvrages de SF indispensables. On pourrait multiplier à l'envi ce type d'exemple tant cette sélection (particulièrement en Fantasy, mais aussi en SF avec David Gunn) ne repose sur rien d'autre que les stratégies marketing des éditeurs.

City of pearl (Eos 2004).jpg

Au final un ouvrage simplement pathétique réalisé par des "libraires" dotés d'une "grande expertise" et "passion" (je cite). Heureusement qu'ils restent anonymes (on ne connaît que leurs prénoms et leur FNAC d'attache), parce que, en ce qui me concerne, j'aurais un peu honte d'être associé à un tel ouvrage qui tient plus du prospectus d'hypermarché qui encombre nos boîtes à lettres que de l'ouvrage de référence. Oser participer à la rédaction d'un guide qui conseille comme livre indispensable la novellisation de la BD Le donjon de Naheulbeuk indique bien le niveau de conseil et de compétence que l'on peut attendre de cette enseigne. La seule brillante réussite de cet ouvrage est d'être un possible cas d'école pour montrer que l'on peut faire payer sa publicité non seulement par ses fournisseurs (ça c'est classique) mais aussi par ses clients. Là, je dis "Bravo la FNAC".

Making history (Soho).jpg

Note GHOR : 0 étoile